Depuis 2012, la Fédération Héraultaise des IGP, en partenariat avec le Conservatoire d’espaces naturels du Languedoc Roussillon et la chambre d’agriculture, a mis en place un projet collectif, volontaire et ambitieux de prise en compte de la biodiversité
et de la qualité de l’eau dans les exploitations viticoles : l’outil d’autodiagnostic Biodiv’eau.Biodiv’eau est un outil innovant qui permet d’évaluer l’état de conservation de la biodiversité à l’échelle de l’exploitation agricole ainsi que les pratiques agricoles à la parcelle. Il a été élaboré avec les vignerons, pour les vignerons, grâce au soutien financier du conseil départemental de l’Hérault et de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
Concrètement, les abords de parcelles, appelés Infrastructures Agro-écologiques (IAE), qui constituent des niches écologiques pour la faune et la flore, font l’objet, dans un premier temps, d’un diagnostic terrain réalisé par les vignerons eux-mêmes accompagnés de spécialistes.
Les IAE sont des éléments fixes du paysage agricole, à caractère naturel ou semi-naturel et rendent de nombreux services écosystémiques et agronomiques comme limiter les risques d’érosion, ralentir l’infiltration des produits phytosanitaires (Bandes tampons, ZNT -Zone de Non Traitement), l’abri des auxiliaires de culture, la haie brise vent etc. et permettent à de nombreuses espèces de la faune et la flore d’y établir leurs cycles de vie (reproduction, déplacement, chasse, refuge).
Biodiv’eau se base sur une analyse qualitative et quantitative des IAE. L’aspect qualitatif est analysé grâce à l’utilisation d’une
>grille d’évaluation avec des critères d’identification simples, facilement observables à l’œil nu (ex : largeur de haies, pourcentage de recouvrement en sol nu etc…). 3 critères sont analysés : la structure, la composition et les dégradations des IAE. Ces 3 critères sont évalués en fonction de 3 états de conservation (Bon, Moyen, Favorable).
Suite à l’inventaire terrain, les viticulteurs réalisent une cartographie de l’état de conservation qualitatif et quantitatif des IAE et renseignent leurs pratiques à la parcelle. Ceci leur permet de mieux cibler les améliorations possibles à apporter par une gestion adaptée et/ou des aménagements.
” Cet outil est très facile à utiliser, on ne se prend pas la tête ! La méthodologie est faite pour des gens qui n’ont aucune connaissance naturaliste ! » témoigne Jean Gabriel Fis, viticulteur de la cave coopérative des vignerons d’Alignan du Vent.”
Grâce &agr
ave; cette démarche, les vignerons accèdent à une vue d’ensemble de leur exploitation et prennent conscience des services rendus par la biodiversité pour eux-mêmes, pour le territoire et pour leurs concitoyens. Des préconisations de gestion leur sont faites par des experts du CEN L-R (biodiversité) et de la chambre d’agriculture (eau). Un rappel de la réglementation est également fait. Cette démarche étant volontaire, chaque viticulteur va aussi loin qu’il le veut.
En chiffre : En 3 ans, 85 vignerons formés, 1800 hectares inventoriés, 3031 objets saisis sur l’outil cartographique par les vignerons.
« J’ai été surpris par la motivation et la rapidité du groupe pilote à mener cet auto diagnostic à son terme. » déclare Charles Duby, délégué du syndicat des Côtes de Thongue pour le projet Biodiversité.
Suite aux préconisations de gestion, certains viticulteurs ont souhaité mettre en œuvre un programme de travaux ambitieux sur leur exploitation. Grâce au soutien financier du CD34 et de l’AFAC Agroforesteries, 7500 mètres linéaires de haies et 90 arbres isolés ont été plantés ; 5.5 ha de milieux ouverts ont été restaurés et 6 mares écologiques ont été créées.
Cette démarche permettra, entre autre, de rendre la filière viticole durable sur le territoire et respectueuse des milieux naturels et de l’humain.
Notre souhait pour la suite est d’entraîner vers cette expérience humaine et environnementale l’ensemble des vignerons de l’Hérault et au-delà pour que cette démarche soit largement diffusée et valorisée sur les territoires pour les années à venir…
Projet mené grâce aux soutiens des partenaires financiers et techniques suivants :